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Le don du sang officiellement ouvert aux homosexuels

Publié le 11/07/2016

Depuis lundi 11 juillet, les homosexuels peuvent donner leur sang, mettant fin à une interdiction vieille de trente ans. Une nouveauté qui s’accompagne toutefois dans un premier temps – au moins un an selon la ministre – de conditions très strictes, notamment l’abstinence pendant douze mois, une exigence qui ne s’applique pas pour les hétérosexuels. Ces conditions suscitent des critiques d’associations homosexuelles et de plusieurs partis.

L’exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques du sida. La ministre s’était engagée dès 2012 à revenir sur cette interdiction, conformément à la promesse faite par François Hollande avant la présidentielle.

« Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c’est aujourd’hui un tabou, une discrimination qui sont levés », avait déclaré la ministre de la santé, Marisol Touraine, lors de la présentation de ces mesures aux associations de défense des homosexuels, en novembre dernier.

Pour garantir la sécurité des receveurs, ce changement se fait « par étapes ». Lundi 11 juillet marque « la fin de l’exclusion permanente des homosexuels du don ». Depuis cette date, le « don de sang total » – la forme la plus courante où toutes les composantes du sang (cellules et plasma) sont prélevées – est ouvert aux hommes qui n’auront pas eu de relations homosexuelles depuis douze mois, après un questionnaire et un entretien. « Cette décision garantit la sécurité du don du sang », avait souligné Mme Touraine pour « rassurer les receveurs ».

La fin de l’exclusion des homosexuels permettra d’avoir 21 000 donneurs supplémentaires, soit 37 000 dons de plus (sur la base de trois dons en moyenne par an et par donneur), estime la direction générale de la santé. En 2014, 1,6 million de personnes ont donné leur sang en France.

L'ambition de Marisol Touraine était avant tout «de mettre fin à un tabou tout en garantissant aux malades qui en ont besoin la sécurité de la transfusion». Pourquoi 12 mois? «Parce qu'après 12 mois sans relation homosexuel avec un autre homme, il n'y a pas plus de risque qu'avec un hétérosexuel», avait répondu la ministre le 4 novembre dernier, ajoutant son intention de réduire ce délai à 4 mois, au printemps 2017, si une étude «en vie réelle» démontrait qu'il n'y a pas de risque. Mais ce délais semble peu réaliste.

Les données «en vie réelle» seront fournies grâce au deuxième changement prévu dans l'arrêté de 2016: la création d'une filière plasma sécurisée ouverte aux gays. «Pour le don de plasma, les homosexuels ayant eu plus d'un partenaire sexuel au cours des quatre dernier mois auront une contre-indication au don», avait encore précisé la ministre le 4 novembre. Comme les hétérosexuels.

Yohann Roszévitch, président de SOS Homophobie, avait aussitôt «salué évidemment cette avancée», tout en déplorant toutefois qu'elle soit assortie d'un «ajournement de 12 mois, même pour les couples stables, mariés». Même chose à Act Up Paris. Son président, Mikael Zenouda, doutait même de l'évolution promise au printemps 2017: «Lors de la réunion du 20 octobre dernier avec la DGS, l'Institut de veille sanitaire nous a expliqué qu'il faudrait 3 ans pour avoir des données fiables.»