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Le fiasco de l'Examen Crashant National informatisé ECNi

Publié le 08/12/2015

Grincements de dents chez les étudiants de sixième année de médecine. Le lundi 7 décembre 2015, les ECNi (épreuves classantes nationales informatisées) blanches ont débuté à l'échelle nationale. 
Dans 34 facultés, 8.279 étudiants devaient se connecter simultanément sur des tablettes numériques labellisées fournies par leur université (toutes strictement identiques) pour traiter des dossiers cliniques progressifs, "comme dans la vraie vie de médecin". Deux jours et demi d'épreuves sont prévues. Mais un bug sur un serveur a bouleversé la première après-midi.

DES PERTURBATIONS DÈS LE DÉBUT DES ÉPREUVES

Pourtant, à 13 h 55, à l'UVSQ (université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), tout semblait bien commencer. Dans l'amphi 1, 70 externes discutent, en apparence peu stressés, en attendant le feu vert de l'administration. À 14 heures, légère désorganisation : deux centres d'examen ne sont pas connectés à l'heure. Mais cela semble "imminent".

Six minutes plus tard, apparaît une radio pulmonaire sur les tablettes. "Je n'ai rien !" clame alors un étudiant à droite. Des mains se lèvent à gauche. Un informaticien de l'université passe entre les rangs. Un membre du CNG (Centre national de gestion), une instance rattachée au ministère de la Santé chargé d'organiser l'ECN, est également présent. "Actualisez !" lance la personne de la scolarité.

Moins d'une minute plus tard, tout l'amphi est connecté et commence à travailler. En théorie, les étudiants ne doivent pas sortir de la salle avant 17 heures.

UNE "PREMIÈRE MONDIALE"

Dans son bureau, Djillali Annane, le doyen de la faculté de médecine de l'UVSQ, a lui-même une tablette à portée de main. "Toutes les facultés sont en ligne. Nous avons un système de chat pour dialoguer en direct. Cela nous permet de réagir sur les consignes du CNG." Quelques minutes après le début de l'épreuve, l'organisateur vient de décréter l'interruption de l'épreuve jusqu'à 15 h 45.

LES SERVEURS SATURENT

Mais aux portes de l'amphi 1, les étudiants rient jaune. "Les serveurs ont planté, ce qui a entraîné des problèmes de connexion simultanée. Nous n'arrivions pas à valider nos réponses", explique Klervie, 22 ans.
"On prend cela avec le sourire, mais on est au bout du rouleau. La D4 [quatrième année d'externat, sixième année de médecine] est une année d'études difficile au terme de laquelle on est censé connaître toute la médecine. À ce stress, s'ajoutent des problèmes techniques liés à une réforme que l'on expérimente et le manque d'annales sur lesquelles travailler. On ne peut se baser sur rien", déplore Yann, 24 ans.
Quelques minutes plus tard, les étudiants sont rappelés à l'ordre et doivent réintégrer leur place, qu'ils n'auraient pas dû quitter. Le doyen Annane passe dans les rangs. À 15 h 45, l'examen reprend mais, de nouveau, les serveurs saturent "au-delà de 5.000 étudiants connectés et en cours de composition", indique le CNG.

Finalement, à 16 heures, l'organisateur décide d'annuler les ECN du jour. Avant un second test national, programmé pour mars 2016, une autre série d'épreuves est prévue ce mardi 8 décembre 2015 avec "une augmentation de la puissance et l'optimisation de serveurs". Aujourd'hui devait être un autre jour...

Ce mardi matin, 8 décembre, les 8279 étudiants de D4 sont retournés dans les 34 centres d’examen, partout en France, pour poursuivre les épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) blanches sur tablettes tactiles, testées pour la première fois en grandeur nature, en vain. Après le premier échec lundi 7 décembre dû à la surcharge des serveurs, les examens tests ont été une nouvelle fois annulés à peine 30 minutes après le top départ.

Une nouvelle fois, les serveurs ont été saturés, si on en croit les tweets d’étudiants en médecine qui ont inondé les réseaux sociaux.

Quelques chanceux ont réussi à plancher un peu plus de 30 min. « Certains informaticiens nous ont expliqué que le centre national de gestion (CNG) n’a pas mis en œuvre tous les moyens nécessaires à la réussite des épreuves, notamment sur le plan matériel. L’installation du réseau spécifique aux ECNi, a débuté seulement le mois dernier ! C’est un délai trop court », croit savoir un étudiant de D4 à Strasbourg, en colère. Les carabins sont d’autant plus survoltés que cette réforme est attendue depuis plusieurs années. Ils doutent que tous les moyens aient été mis en œuvre par les pouvoirs publics pour la réussite de cette réforme d’envergure.