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Des étudiants africains inventent un savon contre le paludisme

Publié le 25/04/2016

En 2013, Gérard Niyondiko et Moctar Dembele, deux étudiants vivant au Burundi et au Burkina Faso, ont remporté le prix mondial de la meilleure idée d’entrepreneuriat sociale à l’Université de Berkley grâce à leur invention, le Faso Soap, un savon anti-moustique, à base de plantes locales repoussant naturellement les moustiques : la citronnelle, le karité et d'autres herbes gardées secrètes.

Il l’espoir de réduire efficacement la propagation du paludisme en Afrique. Ayant perfectionné leur projet et lancé leur start-up, ils ont lancé en avril 2016 une collecte de fonds sur un site de crowdfunding afin de permettre le lancement de la production et de la distribution de ce savon très prometteur. Leur objectif est ambitieux : sauver d’ici 2018, 100 000 personnes du paludisme dans les 6 pays africains les plus touchés par la maladie infectieuse. En seulement 9 jours, la start-up a déjà collecté plus de 40 000 euros, et elle espère rassembler 100 000 euros d’ici le 21 mai.

Un savon à 46 centimes d'euros

Le savon, présente l'avantage d'être peu onéreux et donc accessible au plus grand nombre, de ne pas présenter d'effets secondaires, contrairement aux comprimés préventifs et rappelle Moctar Demblélé dans sa présentation, "il ne nécessite pas de modification des habitudes".
 
Les deux étudiants, premiers Africains à être ainsi récompensés par l'Université californienne  souhaitent, une fois les tests complémentaires terminés, monter leur entreprise et commercialiser le Fasoap au prix de 300 francs CFA, soit 46 centimes d'euros.

Des échantillons au placard

« Gagner la GSVC nous a permis de gagner en visibilité. On a réussi à décrocher un partenariat avec l’école d’ingénieur ITECH, à Lyon, avec laquelle on a travaillé quatre mois en 2014 sur l’optimisation du produit », se souvient Gérard Niyondiko. Les étapes suivantes semblaient toutes tracées : tests d’efficacité en laboratoire pour optimiser le savon – l’objectif est d’obtenir un effet répulsif de six heures minimum –, tests d’innocuité afin de s’assurer de la tolérance cutanée et oculaire du produit, et enfin essais en milieu semi-ouverts.

Rien de tout cela n’a été fait.

Les échantillons sont aujourd’hui enfermés à Ouagadougou dans un placard de l’incubateur La Fabrique, où est intégré Gérard Niyondiko, désormais seul sur le projet. Aucun investissement ou subvention n’a été trouvé pour financer la recherche et le développement du produit. Un blocage de deux ans pour quelques dizaines de milliers d’euros – le coût total des tests était estimé entre 40 et 50 000 euros.

D’après Gérard Niyondiko et Lisa Barutel, fondatrice de La Fabrique, la demande de subventions de Faso Soap « n’est entrée dans aucune case ». L’OMS ou l’Unicef ne financent pas de particuliers. Du côté de l’Union Européenne ou des bailleurs de fonds spécialisés dans le paludisme, le projet est bien trop petit pour prétendre à leurs financements en millions d’euros. A l’inverse, le projet se montre trop gourmand pour les petites ONG.

Financement participatif

L’entrepreneur espère que tous les espoirs manifestés depuis 2013 seront au rendez-vous de la campagne 100 000 vies, qu’il a lancé en avril 2016 sur la plateforme Ulule. L’objectif est de récolter au moins 30 000 euros, pour débloquer la situation. Si les tests d’efficacité, dont les résultats sont attendus en juin, ne demandent pas à retravailler le produit, les premiers savons pourraient être vendus en 2017. Mais pas de précipitation. Gérard Niyondiko a appris que l’entrepreneuriat est une longue route qui demande courage et détermination.