item 343 – Ulcérations ou érosion des muqueuses orales et/ou génitales

Objectifs ECN/CNCI :
Ulcérations ou érosion des muqueuses orales et/ou génitales
– Devant des ulcérations ou érosions des muqueuses orales et/ou génitales, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
 
Plan
Examen clinique
Examens paracliniques
Etiologies
 
Fiche

 

Partie 01 : Examen clinique

1. Interrogatoire

Age
ATCD médico-chirurgico-familiaux :
– Episode antérieur ?
– Herpès / Candidose
– Statut vaccinal
TTT :
– Introduction récente d’un TTT +++
Allergie ++
Circonstances d’apparition :
– Brutale / Progressive
– Notion de contage
– Voyage récent
– Rapports sexuels à risque

Signes fonctionnels associés :
– Fièvre
– Autre éruption antérieure
– Prurit
– Signes fonctionnels urinaires
– AEG
– ADP douloureuse

2. Examen physique

> Constantes :

TA, FC, FR, SpO2, T°C
– Fièvre ?

> Inspection :

Examen dermatologique : Corps entier, dénudé
Examen cutané + ORL
– Localisation
– Taille
– Nombre
– Aspect nécrotique / inflammatoire / infectée
– Souple / Indurée

> Palpation :

- Rechercher une induration de l’ulcération
– Palpation de toutes les aires ganglionnaires

 

Partie 02 : Examens paracliniques

Orientés selon l’examen clinique :
– Prélèvements bactériologiques, mycologiques et virologiques de la lésion : • Examen direct
• Culture
• PCR
– Biopsies + Examen cytologique ou histologique
– Bilan IST : Sérologies :
• VIH 1 et 2 après accord du patient (Ag p24)
• Syphilis : TPHA/VDRL/FTA
• VHB/VHC
– NFS/Plaquettes
– CRP/VS
– Bilan hépatique complet

 

Partie 03 : Etiologies

1. Principales étiologies

 

Fig 343.1 Etiologies des ulcérations et érosions des muqueuses

 

 

 

2. Aphtose / Maladie de Behçet

Aphte = Ulcération douloureuse, de petite taille, précédée d’une sensation de cuisson, unique ou multiple, à fond jaune cerné d’un liseré rouge, non indurée, guérissant habituellement en 8 à 10 jours.

L’aphtose idiopathique bénigne est fréquente, réactivée par certains contacts alimentaires :
– Agrumes / Tomate
– Noix
– Gruyère

Des médicaments sont inducteurs d’ulcérations aphtoïdes :
– AINS
– Béta-bloquants
– Opiacés
– Nicorandil
– Alendronate monosodique
– Sirolimus
– Anti-EGFR

 

Critères diagnostiques de la maladie de Behçet
– Ulcérations buccales récidivantes : aphtose ayant récidivé au moins 3 fois en 12 mois
– Plus : au moins 2 des critères suivants :

• Ulcérations génitales récidivantes
• Lésions oculaires : uvéite antérieure ou postérieure / hyalite ou vasculite rétinienne
• Lésions cutanées : érythème noueux / pseudo-folliculites ou papulo-pustules / nodules acnéiformes en dehors de l’adolescence
• Test de pathergie cutané positif

 

3. Erythème polymorphe

- Lésions papulo-vésiculeuses en cible ou en cocarde
±
– Décollement bulleux au centre de la cocarde
– Lésions vésiculo-bulleuses au niveau des muqueuses

Fig 343.2 Erythème polymorphe

 

4. Syndrome de Stevens-Johnson

- Atteinte muqueuse et cutanée
– Macules rouges sombres, parfois purpuriques, débutant au tronc
– Contexte d’AEG et de fièvre
– Signe de Nikolsky positif

 

Fig 343.3 Syndrome de Stevens-Johnson

 

5. Syndrome de Lyell

Nécrolyse épidermique toxique
– Atteinte muqueuse et cutanée > 30% de la surface corporelle
– Macules centrées par des vésicules, confluant en nappes érythémateuses
– Atteintes occulaires, hématologiques, respiratoires et digestives associées faisant la gravité
– Signe de Nikolsky positif

 

Fig 343.4 Syndrome de Lyell

 

6. Chancre mou

Germes : Haemophilus ducreyi
Contrairement au chancre syphilitique, le chancre mou est :

- Inflammatoire
– > 1 cm
– Non induré
– Profond
– Sale
– Douloureux

 

ADP inguinale identique

Systématiquement rechercher les autres IST

TTT : C3G : Ceftriaxone 1g IM en 1x

6. Maladie de Nicolas-Favre = lymphogranulomatoses vénériennes

Germes : Chlamydia trachomatis L1 à L3
Principalement chez les homosexuels masculins en France
50% sont co-infectés par le VIH
Phase primaire :
– Micro-ulcération génitale ou anale passant souvent inaperçue car indolore, transitoire et volontiers profonde (col, urètre, rectum)
Phase secondaire :
– Soit adénopathie inflammatoire inguino-crurale évoluant vers la fistulisation
– Soit anorectite aiguë avec ténesme, douleurs rectales et écoulement mucopurulent ± hémorragique avec AEG ± important
L’aspect rectoscopique de rectite ulcérée peut orienter à tord vers le diagnostic de maladie de Crohn ou d’herpès.
Phase tertiaire : en l’absence de traitement, possibilité d’évolution vers la chronicité : fistules, rétrécissements…

Systématiquement rechercher les autres IST

TTT : Doxycycline 200mg/j PO pendant 21j