Psychiatrie

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Item 64 - Etat dépressif caractérisé

Généralités

Pathologie fréquente :

  • 1% des hommes
  • 22% des femmes en France

Sex-ratio : 1H / 2F 
40% de tentatives de suicides sont secondaires un épisode dépressif caractérisé 
Engendre des coûts très importants : enjeu majeur de santé publique.

Examen clinique

Syndrome dépressif

Perturbation de l'humeur :

  • Humeur triste
  • Modification du contenu de la pensée : dévalorisation, autodépréciation, sentiment d'incapacité
  • Culpabilité, auto-accusation
  • Anhédonie ++ dans tous les domaines de la vie

Ralentissement psychomoteur :

  • Bradypsychie
  • Ruminations
  • Bradyphémie, voix monocorde
  • Clinophilie
  • Hypomimie, amimie
  • Incurie
  • Aboulie

Autres signes :

  • Idées suicidaires
  • Asthénie
  • Modification de l'appétit (perte ou augmentation de l'appétit et du poids)
  • Perturbation du sommeil : insomnie, réveils très matinaux
  • Troubles cognitifs : troubles de la mémoire, de la concentration
  • Diminution de libido

Etat dépressif caractérisé selon le DSM 5

Définition :
A. Au moins 5 des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même période d'une durée de 2 semaines et avoir représenté un changement par rapport à l'état antérieur; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d'intérêt ou de plaisir.
NB : Ne pas inclure des symptômes qui sont manifestement imputables à une affection générale.

  • 1. Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (sentiment de tristesse ou vide) ou observée par les autres (pleurs).
    N.B. : Éventuellement irritabilité chez l’enfant et l'adolescent.
  • 2. Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités, pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
  • 3. Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (p. ex., modification du poids corporel en un mois excédant 5 %), ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours.
  • 4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
  • 5. Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
  • 6. Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
  • 7. Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d’être malade).
  • 8. Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
  • 9. Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider.

B. Les symptômes ne répondent pas aux critères d’épisode mixte.
C. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d’une substance (p.ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une affection médicale générale (p. ex., hypothyroïdie).
E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un deuil, c’est-à-dire après la mort d’un être cher, les symptômes persistent pendant plus de deux mois ou s’accompagnent d’une altération marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides, de dévalorisation, d’idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou d’un ralentissement psychomoteur. 

Formes cliniques

Episode dépressif caractérisé avec mélancolie

Episode dépressif sévère avec risque suicidaire très important

  • Sensation de désespoir, d’incurabilité
  • Agitation marquée ou au contraire ralentissement psychomoteur marqué
  • Culpabilité très excessive
  • Perte d’appétit majeure, pas d’alimentation, perte de poids importante

Episode dépressif caractérisé avec caractéristiques psychotique

  • Association avec des idées délirantes ou des hallucinations
  • Idées de ruine, d’indignité, de culpabilité, de mort..
  • Congruentes ou non à l’humeur
  • Syndrome de Cotard :
    • Négation d’organe (« mon estomac n’existe pas »)
    • Négation de temps (immortalité)
    • Négation du monde
  • Risque suicidaire extrêmement élevé

Episode dépressif majeur avec caractéristiques mixtes

3 symptômes maniaques/hypomaniaques présents pendant la majorité de la durée de l’épisode dépressif

Episode dépressif majeur avec caractéristiques atypiques

  • Réactivité de l’humeur (pas d’humeur triste permanente)
  • Prise de poids
  • Hypersomnie…

Episode dépressif caractérisé avec détresse anxieuse

  • Anxiété majeure
  • Risque majeur de rapts anxieux (passage à l’acte)
  • Sensation de tension intérieure, difficulté à se concentrer
  • Sensation de perte de contrôle
  • Peur que « quelque chose » n’arrive

Types de troubles dépressifs

Types de troubles dépressifs :

  • Trouble dépressif caractérisé isolé
  • Trouble dépressif caractérisé récurrent : ≥2 séparés d’ ≥ 2 mois consécutifs
  • Trouble dépressif persistant : humeur dépressive présente pendant la majorité de la journée pendant la majorité de jours pendant ≥ 2 ans)
  • Trouble dysphorique prémenstruel : labilité émotionnelle associée à l’humeur dépressive, anxiété, voire symptômes physiques (tension dans les seins, polyarthralgies…)
  • Trouble dépressif induit par une substance
  • Trouble dépressif du à une autre affection médicale

Diagnostics différentiels

    • Troubles de l’humeur
    • Psychoses chroniques
    • Causes organiques :
      • Neurologiques : maladie de Markinson, démence…
      • Endocriniennes : hypothyroïdie, hypercorticisme…
      • Toxiques : cannabis, alcool…
      • Iatrogènes : L-Dopa, sevrage en corticoides, interféron…

Bilan clinique et paraclinique

Eliminer un diagnostic différentiel et effectuer le bilan pré-thérapeutique.

  • Examen clinique complet, constantes
  • NFS, ionogramme sanguin, créatinémie, TSH, HCG, bilan hépatique, glycémie à jeun, bilan lipidique
  • Recherche de toxiques
  • Scanner cérébral injecté ou IRM
  • EEG
  • ECG avec calcul du QT

Evolution

Variable :

  • Un seul épisode sur la vie
  • Récurrence des épisodes
  • Chronicisation
  • Résistance aux traitements (échec de 2 traitements antidépresseurs bien conduits pendant 6 semaines chacun)

Facteurs de mauvais pronostic

  • Sexe féminin
  • Age de début précoce
  • Antécédent familial de trouble de l’humeur
  • Nombre d’épisodes important
  • Persistance de symptômes dépressifs après traitement
  • Comorbidités

Complications

  • Suicide
  • Isolement social et désinsertion professionnelle
  • Comorbidités psychiatriques

Prise en charge thérapeutique

Critères d’hospitalisation

  • Episode dépressif caractérisé sévère
  • Risque suicidaire élevé
  • Comorbidités psychiatriques ou non
  • Mauvais état général
  • Isolement socio-familial
  • Formes mélancoliques, psychotiques, atypiques
  • Altération des capacités d’observance au traitement
  • Ages extrêmes

Sous contrainte ou non (Item 11)

Psychothérapie

  • De soutien
  • D’inspiration psychanalytique
  • Cognitivo-comportementale
  • Familiale
  • Interpersonnelle

Traitement médical

  • TTT Antidépresseur : Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine (ISRS)
    • Augmenté progressivement à posologie efficace
    • Délai d’action : 2 semaines : le préciser au patient
    • Associer une benzodiazépine si troubles anxieux ou hypnotique si troubles du sommeil
  • TTT Antipsychotique si épisode dépressif avec caractéristiques psychotiques

Electroconvulsivothérapie

Induction de crises d’épilepse par passage transuranien de courant, sous anesthésie générale comportant un curare

Indiquée si :

  • Résistance au traitement médicamenteux
  • Contre-indication au traitement médicamenteux
  • Sévérité extrême des épisodes (mélancoliques, psychotiques)
  • 12 séances (2/semaine environ)
  • Avec ECT d’entretien (1/mois)
  • Effets indésirables : troubles mnésiques, céphalées

Surveillance clinique et paraclinque de l'efficacité et de la tolérance des traitements

Avec des consultations rapprochées si le suivi est ambulatoire.

  • Pendant 6 mois à 1 an si rémission
  • Pendant 18 mois à 2 ans si trouble récurrent

Dernière modification : 13/02/2016