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La transplantation fécale peut-elle rendre obèse ?

Publié le 17/02/2015

La flore intestinale est composée de milliards de bactéries vivant dans notre tube digestif. Parfois, lors d'une antibiothérapie, un très grand nombre de ces bactéries meure, laissant subsister quelques bactéries résistantes, qui peuvent se multiplier à loisir.

En quoi consiste la transplantation de microbiote fécal ? (ANSM 2014)

Le microbiote intestinal humain est un ensemble de micro-organismes dont la composition reste encore incomplètement définie (seuls environ 30 % des micro-organismes qui la composent sont caractérisés).

La diversité microbienne est estimée à l'heure actuelle à environ 103 espèces bactériennes composant le microbiote intestinal dominant d’un individu adulte avec une abondance de 1014 bactéries, représentant un génome bactérien d'environ 108 gènes soit 100 à 150 fois le génome humain.

A la naissance l’intestin est stérile puis se colonise dès les premiers jours de vie jusqu’à évoluer vers un microbiote individuel unique. Chaque personne possède des bactéries relativement proches en termes d’espèces, mais la composition exacte de son microbiote (espèces, proportions) est pour une large part (environ ⅔ des espèces) spécifique de l’hôte. Ainsi, le microbiote intestinal humain est un écosystème très diversifié, complexe et spécifique de chaque individu.

Des données récentes montrent que les individus seraient répartis en trois groupes ou « entérotypes » selon la signature bactérienne caractérisée par un genre prépondérant : bactéries du groupe Bacteroïdes, Prevotella ou Clostridiales.

Dans certaines situations pathologiques, le microbiote est déséquilibré et présente une composition modifiée avec une perte de diversité. Une dysbiose du microbiote intestinal apparaît par conséquent comme un facteur de prédisposition à certaines maladies.

La transplantation de microbiote fécal consiste en l’introduction des selles d’un donneur sain dans le tube digestif d’un patient receveur afin de rééquilibrer la flore intestinale altérée de l’hôte. Cette approche thérapeutique suscite un intérêt grandissant et a fait l’objet de plusieurs études montrant des résultats certes encourageants mais qui restent néanmoins limités.

Madame L, plus de Clostridium difficile mais 15 kg de plus en un peu plus d'1 an.

Après cette intervention, Madame L. n’a plus souffert de l’infection à C. difficile. Mais à la surprise des médecins, elle a développé une obésité. Avant la transplantation, son poids était stable : elle pesait 61,7 kg et son indice de masse corporelle (IMC) était de 26 (léger surpoids). 16 mois après la greffe, elle avait pris 15,4 kg. Trois ans après l’intervention, elle pesait 80,3 kg et son IMC atteignait 34,5 – une obésité presque sévère.

Le mystère du microbiote intestinal reste encore à élucider.