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Le Pr Joyeux radié de l'Ordre des médecins

Publié le 09/07/2016

Henri Joyeux, professeur controversé pour ses prises de position, notamment sur les vaccins, a été radié de l’Ordre des médecins à compter du 1er décembre, selon l’Agence de presse médicale (APM). Retraité depuis 2014, ce chirurgien cancérologue aura donc interdiction de faire état de son statut de docteur en médecine.

"Son discours peut être dangereux pour la population"

Le cancérologue montpelliérain avait fait l'objet d'une plainte du Conseil national de l'Ordre des médecins en juin 2015, pour la mise en ligne (toujours active) d'une pétition à l'attention de la ministre de la Santé Marisol Touraine mettant en garde sur la présence d'"aluminium et de formaldéhyde, deux substances dangereuses voire très dangereuses pour l'humain et en particulier le nourrisson", dans le vaccin hexavalent DTPolio-Hib-Coqueluche-Hépatite B, appelé Infanrix Hexa. Depuis septembre 2014, d'après Henri Joyeux, le recours à ce vaccin serait généralisé car "la situation s'est encore aggravée avec une pénurie généralisée de vaccins tétravalents (DTpolio-Coqueluche) et pentavalents (DTPolio-Hib-Coqueluche)". Cette pétition avait recueilli au 10 juillet plus d'un million de signatures.

La vaccination: un outil capital de santé publique

Marisol Touraine, qui a fustigé en mai 2015 l'initiative de ce médecin connu d'après elle pour avoir "pris des positions rétrogrades sur toute une série de sujets", a toutefois elle-même déploré en janvier 2016 une "situation préoccupante s'agissant de l'approvisionnement de certains vaccins essentiels". Les fabricants de vaccins et le syndicat de l'industrie pharmaceutique (Leem) avaient alors pris des "engagements" pour lutter contre ces pénuries à l'issue d'une réunion avec la ministre. Marisol Touraine a également exprimé lors de cette réunion "la volonté que puisse être mis à disposition des Français qui le souhaitent des vaccins trivalents", à savoir le vaccin DTP (diphtérie, tétanos, polio) qui correspond aux seules vaccinations obligatoires. En juin 2015, le président du Conseil national de l'Ordre, Patrick Bouet (réélu le 23 juin 2016), avait reproché deux infractions à Henri Joyeux, à la retraite depuis 2014 : "la tenue de propos non appuyés sur des bases scientifiques [et portant] atteinte à la profession", et "un discours qui peut être dangereux pour la population parce qu'il s'agirait de discréditer le mécanisme de vaccination préventive". "Les propos du Pr. Joyeux ne se fondent sur aucune preuve scientifique, voire alignent des contre-vérités, comme l'a rappelé l'Académie de médecine", relevait le 25 juin 2015 l'Ordre des médecins sur son compte Twitter, en rappelant que "la vaccination est un outil capital de santé publique".

Interdiction formelle d'exercer la médecine

Concrètement, une radiation se traduit par l'interdiction formelle d'exercer la médecine, ce qui dans le cas du professeur Joyeux devrait être sans conséquence, ce dernier étant à la retraite. Il y a en revanche une certaine ambiguïté dans la mesure où la personne condamnée ne perd pas son titre de docteur en médecine dont elle peut se prévaloir dans des écrits tels qu'un article ou un livre. Même s'il est vraisemblable que les maisons d'édition soient moins enclines à accueillir le manuscrit d'une personne radiée.

La dernière grande radiation médiatique avait été celle du docteur Dukan, spécialiste des régimes amaigrissants. Une radiation à sa propre demande alors qu'il faisait l'objet de deux plaintes internes. «Mais ces procédures ne sont pas si fréquentes», rappelle Bernard Decanter, «sur quelque 16.000 médecins inscrits dans la région, il y a peut-être un cas ou deux, et pas tous les ans», souligne-t-il.

Le professeur Henri Joyeux compte bien se défendre. Le médecin, à l’origine d’une pétition controversée sur les dangers de certaines vaccinations, vient d’être radié de l’Ordre des médecins à compter du 1er décembre. Ce mardi matin, il a indiqué sur RTL qu’il allait faire appel.

« Cette décision vient directement du ministère de la Santé et du Conseil de l’Ordre National qui cherche à me faire taire mais ils n’y arriveront pas. On veut me faire taire tout simplement et on veut simplement que le grand public considère que les conseils que je donne ne sont pas des conseils de santé », explique le médecin sur RTL.