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Acquitté d'un viol pour sexsomnie

Publié le 18/09/2014

Un viol peut-il être commis pendant son sommeil? Oui, a répondu la cour d'appel de Sundsvall, en Suède, cassant le précédent jugement qui l'avait condamné à deux ans de prison. Un Suédois ayant eu une relation sexuelle pendant qu'il dormait a été acquitté de viol parce qu'il souffrirait de "sexsomnie", selon un jugement de la justice suédoise.

L'affirmation selon laquelle l'accusé "se trouvait dans un état d'endormissement, inconscient de ce qui se passait, n'apparait pas comme absurde", a estimé la cour d'appel dans un jugement rendu le 8 septembre.

Sa décision a notamment été motivée par l'intervention d'un médecin, experte des troubles du sommeil, qui a affirmé que l'accusé pouvait souffrir de sexsomnie, un état dans lequel une personne a des relations sexuelles dans son sommeil.

Cette possibilité a été confortée par le témoignage de l'ancienne compagne de l'accusé.

La sexsomnie, un trouble méconnu

Le concept de sexsomnie a été découvert dans les années 1990, avant d'être rendu public en 2003, par The Canadian Journal of Psychiatry. On y révèle alors qu'il appartient à la famille des parasomnies, des troubles du sommeil qui donnent lieu à des comportements non maîtrisés – parler, marcher, faire le ménage en dormant.

Selon le neurologue Matthew Walker, les épisodes de sexsomnie surviennent généralement durant les premières heures de la nuit, en phase de sommeil profond. A ce moment-là, le cortex cérébral - responsable des sensations, des sentiments, de la conscience - est en veille alors que la partie inférieure du cerveau, qui régit les envies sexuelles, fonctionne.

A ce moment-là, le sexsomniaque n'a plus d'inhibition et surtout plus aucun souvenir de ce qu'il fait. Généralement, les personnes concernées ignorent tout de leurs agissements jusqu'à ce que leur partenaire les alerte. Une fois informées, elles hésitent souvent à consulter, persuadées qu'il s'agit d'un trouble psychiatrique.

Le terme de "sexsomnie" est controversé tant chez les médecins, chez les psychiatres que chez les juristes.

Un précédent juridique en 2011

Une telle décision de justice n'est pas inédite. En juillet 2011, le tribunal de Swansea (Pays de Galles) avait relaxé Stephen Lee Davies, 43 ans, accusé du viol d'une adolescente de 16 ans, pour les même motifs.

Appelées à témoigner, son épouse et une ancienne compagne ont confirmé que Stephen Lee Davies avait coutume d'avoir avec elles des relations sexuelles sans en être conscient. "Il se réveille le lendemain sans se souvenir de rien", avaient-elles déclaré.